Le Vieux Bostz à Besson
Le château de Bostz (prononcer Bau), dont l’étymologie est “bois” avec une orthographe de type occitane remontant aux habitudes d’écriture du XVIIe siècle,
est parfois nommé “Vieux Bostz” en raison de la construction d’un château neuf vers 1875 sur la propriété.
Extrait de la carte dite de Cassini, XVIIIe siècle, l’orthographe de Bostz est conforme à sa prononciation « le Bau »
Besson présente de nombreuses traces de peuplement préhistorique, protohistorique et antique.
Sur la propriété de Bostz, on trouve un mégalithe dit « La Pierre Folle », pierre à légendes.
Le site du château, entouré des bois qui lui ont donné son nom
Le territoire primitif des Bourbons
Au haut moyen âge, les historiens reconstituent une circonscription étendue de Châtel-de-Neuvre à Souvigny sous le nom de viguerie de Deneuvre, incluant Besson.
Vers 915, cette viguerie relève du miles Aymard (us), qui donne à cette date des biens et sa villa de Souvigny à l’abbaye de Cluny.Les descendants d’Aymard sont qualifiés de sires de Bourbon après être entré en possession du château de Bourbon. Leur territoire s’accroît à partir de la viguerie primitive.
Le domaine primitif des Bourbons (pointillé), d’après Max Fazy, le Bourbonnais symbole de l’unité française, Moulins, 1921.
Souvigny, à 10 km de Besson, devient l’un des plus importants prieurés de Cluny, reçoit la sépulture de deux de ses saints abbés (Mayeul 994, Odilon 1049) et devient au XVe siècle le lieu de sépulture des ducs de Bourbon. Souvigny, Chapelle Neuve, tombeau du duc Charles Ier et de la duchesse Agnès de Bourgogne.Ce tombeau a reçu la sépulture des derniers ducs de Bourbon, puis, en 1934 celle du Prince Sixte de Bourbon-Parme.
Une histoire exemplaire
Dans une première période (XIVe-XVIe s.), la terre de Bostz dépend de familles de l’aristocratie bourbonnaise vassales des Bourbons et parfois implantées par ceux-ci en Bourbonnais. En 1362 (première mention du fief), Bostz appartient aux Mareschal (famille originaire du Forez, implantée en Bourbonnais avant 1300). Les Mareschal sont une des principales familles vassales des Bourbons installées antérieurement à la Guerre de Cent Ans. Bostz passe ensuite (1476) par alliance aux Le Long de Chenillat, qui appartiennent à la « nouvelle aristocratie » reconstituée après le désastre d’Azincourt. La séquence « féodale » de l’histoire de Bostz illustre ainsi les deux « strates » de l’aristocratie médiévale bourbonnaise.
Bostz appartient aux Roussel de Tilly à partir de1668. Le marquis de Tilly, sous le règne de Louis XV, est ambassadeur à la cour palatine de 1740 à 1753.
Le Marquis de Tilly Le Comte de Bourbon Busset
Son neveu Charles de Biotière traverse la tourmente révolutionnaire à Bostz. La nièce de ce dernier, Marguerite de Lordat, épouse le vicomte Louis-Antoine de Bourbon Busset en 1796.
Un destin d’exception
Tout en faisant partie du domaine primitif des sires de Bourbon, Bostz présente la particularité exceptionnelle d’être devenu une propriété d’une des branches de la Maison de Bourbon après la Révolution, et d’être resté depuis dans cette famille. En 1927, le mariage de Madeleine de Bourbon Busset et du prince Xavier de Bourbon Parme implante en Bourbonnais une branche dynaste de la famille. Grâce à cette implantation, Souvigny redevient le lieu d’élection de sépulture des Bourbons (obsèques du prince Sixte, frère de Xavier, en 1934 dans la chapelle neuve) et Bostz reçoit les membres des familles princières d’Europe dont l’impératrice Zita d’Autriche, sœur du prince Xavier.
Le Prince Xavier
Bostz 1951,
Fiançailles de l’Archiduc Otto de Habsbourg,
Vue aérienne du domaine de Bostz. Au premier plan le nouveau château (1875),à l’arrière-plan le vieux château de Bostz.
Architecture du vieux château
C’est une maison-forte typique du Bourbonnaise : bâtisse de plan carré, à divisions intérieures horizontales et verticales simples (deux salles voûtées au rez-de-chaussée ; initialement deux salles à l’étage, sous combles). Deux tours rondes aux angles postérieurs et initialement une tourelle d’escalier en façade. Cette disposition est traditionnelle dans les maisons-fortes du XVe siècle dans le Bocage bourbonnais.
Autour de ce noyau se développent au cours du temps des adjonctions résidentielles, et un domaine d’exploitation constituant la réserve du château.
La réserve, en partie ruinée, comprend des bâtiments d’exploitation agencés autour de cours successives desservant les granges-étables, écuries, logements d’exploitants et divers bâtiments annexes parmi lesquels deux colombiers fermant symboliquement l’enceinte du château des deux côtés de la cour d’honneur.
Une chapelle, construite au XVIIe siècle, est également intégrée à l’enceinte et ouvre à la fois sur la cour d’honneur et sur l’extérieur du château.
Chapelle et l’un des colombiers
La cour d’honneur présente une dissymétrie due à la construction, dans les dernières années du XVIIIe siècle, d’une aile en retour aménagé en galerie et joignant la maison-forte primitive à l’enceinte extérieure.
Les ajouts architecturaux depuis la Renaissance, le soin apporté à certains détails comme les lanternons des tours en bardeau de châtaignier, le cadre du parc avec ses grilles, ses structures encore visibles, sa statuaire, la valeur paysagère du site et sa longue allée cavalière ajoutent à Bostz un surplus de charme pittoresque tranchant avec la sobriété des maisons-fortes des environs.
Lanternon ajouré en bardeau de châtaignier
La construction d’un nouveau château vers 1875 sur la propriété entraîna l’abandon progressif du vieux château, dont la dégradation s’accentua au XXe siècle. Les infiltrations d’eau causèrent la chute de plusieurs couvertures dans les parties annexes et la détérioration des charpentes et de planchers. Différents actes de vandalismes accélérèrent la ruine. L’abandon du château favorisa le développement d’une végétation parasite qui, en 1994, recouvrait l’ensemble des bâtiments jusqu’aux toitures, ainsi que des murs d’enceinte.
La statue mythologique de la fontaine du château évoque Borvo, dieu des sources,divinité celtique éponyme des Bourbons
État avant travaux (1994 à 2001)
« Le château du Vieux Bostz se trouve actuellement dans un état proche de la ruine, et la plupart des toitures ont dû être consolidé d’urgence, pour éviter que le processus ne s’accélère rapidement. Comme l’ensemble des travaux de sauvetage du Vieux Bostz est extrêmement urgent, il a fallu déterminer des priorités. Parmi celles-ci, il a semblé que la tour Nord-Ouest, ainsi que la tour Sud-Ouest recouverte de papier goudronné depuis 1987, nécessitaient les premières interventions. »
François Voinchet
Architecte en chef des Monuments Historiques
Moulins, 1994
Les statues du parc retrouvées dans une ferme
Les statues retrouvent leur cadre