« Le château du Vieux Bostz se trouve actuellement dans un état proche de la ruine, et la plupart des toitures ont dû être consolidé d’urgence, pour éviter que le processus ne s’accélère rapidement. Comme l’ensemble des travaux de sauvetage du Vieux Bostz est extrêmement urgent, il a fallu déterminer des priorités. Parmi celles-ci, il a semblé que la tour Nord-Ouest, ainsi que la tour Sud-Ouest recouverte de papier goudronné depuis 1987, nécessitaient les premières interventions. »
François Voinchet
Architecte en chef des Monuments Historiques
Moulins, 1994
La construction d’un nouveau château vers 1875 sur la propriété entraîna l’abandon progressif du vieux château, dont la dégradation s’accentua au XXe siècle. Les infiltrations d’eau causèrent la chute de plusieurs couvertures dans les parties annexes et la détérioration des charpentes et de planchers.
État avant travaux : le site disparaît progressivement sous la végétation
Différents actes de vandalismes accélérèrent la ruine. L’abandon du château favorisa le développement d’une végétation parasite qui, en 1994, recouvrait l’ensemble des bâtiments jusqu’aux toitures, ainsi que des murs d’enceinte.
Différents actes de vandalismes ont accéléré la ruine
Le colombier Sud enfoui sous la végétation parasite
Détérioration des planchers et des charpentes
TRAVAUX EFFECTUÉS
La première urgence fut de retrouver la lisibilité du plan et de l’élévation du château en le débarrassant de sa végétation parasite (1994).
Ouvrier débarrassant les murs du château de leur végétation parasite
À l’intérieur du château, Les travaux se sont poursuivis par le déblaiement des volumes intérieurs : suppression des parties de toitures et de charpente effondrées, enlèvement des gravats et nettoyage des graffitis. Pour stopper le processus de ruine, les ouvriers procédèrent à la consolidation des parties menacées d’effondrement (1994-1995).
Déblaiement des salles médiévales du château
Les anciennes cuisines du château avant la consolidation des murs
Les travaux ont porté sur les tours nord-ouest puis sud-ouest. Une mise hors d’eau provisoire d’autres toitures a été faite à l’aide de tôles.
La Tour Nord-Ouest
La restauration de la tour a compris la dépose au sol et la réfection complète de la charpente en chêne, de sa couverture en tuile et de son lanternon. À l’occasion de la dépose de celui-ci, il a été découvert sous son revêtement d’ardoises les traces d’un revêtement primitif en bardeaux de châtaigniers qu’il a été possible de restituer, ainsi que son balcon dont certains balustres subsistaient. À la silhouette massive du lanternon fermé a pu ainsi être substitué l’aspect du gracieux lanternon ajouré d’origine.
Tour Nord-Ouest, après restauration.
Les mêmes travaux ont été reproduits sur la tour Sud-Ouest, dont la charpente et la couverture ont été entièrement restaurées.
Tour Sud-Ouest, avant restauration.
Une attention toute particulière a été apportée au choix des tuiles afin de respecter les teintes et la texture des couvertures anciennes du château.
Il avait été prévu de restituer au sommet de la tour un lanternon ajouré identique à celui de la tour Nord-Ouest. Mais la dépose de son revêtement d’ardoise a révélé que le lanternon était fermé à l’origine. Le revêtement intégral de bardeaux qui lui ont été restitué lui donne un volume plus massif qui équilibre la légère disproportion des deux tours et offre un contraste avec le lanternon symétrique.
Le château comprend vingt-deux toitures dont cinq déjà restaurées
Un plan global de restauration a été mis en œuvre par tranches
Restauration de la toiture Sud-Ouest Sur les échafaudages avec les ouvriers Charpente en chêne
Toiture terminée
La restauration s’est poursuivie par l’aile XVIIIe siècle et le logement du régisseur, afin de permettre une exploitation et une ouverture au public du site. Dans l’aile du XVIIIe s., après réfection des plafonds, corniches, décors intérieurs, cheminées, sols et installation de l’eau et de l’électricité, les travaux de restauration de la toiture ont été engagés. L’enfilade initiale de la galerie, qui a été restituée par le percement d’anciennes communications et la condamnation de baies postérieures, fournit désormais un espace de réception ou d’exposition d’un seul tenant de plus de 200 m2. Dans son prolongement, le logement du régisseur a été rénové de façon à fournir un logement confortable et équipé, ainsi qu’un espace de bureau.
Choix soigneux des tuiles et respect des noues anciennes
La mise hors d’eau du corps central du château médiéval a commencé par la réfection complète des menuiseries des portes et fenêtres. Chaque menuiserie ancienne a été soigneusement déposée et démontée, les parties de bois récupérables ont été remontées ainsi que l’ensemble des ferrures d’origine. Les parties refaites ont été copiées à l’identique.
Ces travaux de sauvetage, d’un montant total de 987 000 €, s’échelonnent sur un programme pluriannuel. Certains ont bénéficié de l’aide de l’Etat (Ministère de la Culture) (234 500 €) et du Département de l’Allier (115 000 €).
Relevé des menuiseries en cours de restauration (B. de Chavagnac)
Récupération de l’ensemble des ferronneries d’origine
Démontage minutieux des menuiseries, récupération des bois anciens, remplacement des manques et remontage
Autres interventions
Les 105 platanes bicentenaires arborant l’allée cavalière ont été élagués et soignés. La création d’un étang dans la partie haute de la propriété a permis de régler les problèmes hydrauliques résultant de la modification, au cours du temps, des anciens systèmes de drainage.
Creusement de l’étang, projeté au XIXe siècle et réalisé en 2001
L’allée cavalière du château
LES ANIMATIONS (1994-2001)
Le projet de restauration et d’ouverture au public du château représente un enjeu pour toute la région, en particulier pour son territoire intercommunal (communauté d’agglomération de Moulins) qui a retenu le thème des Bourbons. Le projet de restauration de Bostz apporte à ce plan de développement une dimension supplémentaire.
Une politique d’animation du site
Depuis 1995, des manifestations régulières ont pris pour cadre le château. L’association pour sa sauvegarde a été à l’initiative de certaines d’entre elles, dont un cycle d’expositions : Présence Bourbon (1997-2000) consacrées à différents aspects de l’histoire des Bourbons et plus particulièrement de leur présence en Bourbonnais :
Les Bourbons en Bourbonnais, exposition 1997 Zita, impératrice d’Autriche, exposition 2000
Les Bourbon Parme, exposition 1998
Exposition : les Bourbons en Bourbonnais, le duc de Berry
Exposition : Les Bourbon Parme, La reine d’Etrurie
Exposition : Zita, impératrice d’Autriche
D’autre part, le château a accueilli des manifestations extérieures, donnant l’habitude d’une coopération entre le site et différentes associations ou acteurs culturels, en particulier locaux.
UN PROJET DE RESTAURATION ET D’AMENAGEMENT MUSEOGRAPHIQUE
La galerie du XVIIIe siècle, d’une surface utile de 200 m2 de plain-pied, comprend une enfilade de trois grandes salles et trois pièces, communiquant avec la partie médiévale du château. Cette galerie, traitée comme un espace muséographique, est destinée à recevoir une exposition permanente sur le thème du musée historique du Bourbonnais à partir de collections familiales, de fac-simile, de fonds documentaires et de moyens scénographiques et vidéo.
Pierre II de Bourbon, Anne de France et Suzanne de Bourbon, d’après le Maître de Moulins
La bataille de Pavie (1525), victoire acquise grâce à Charles de Bourbon
Les deux salles voûtées, d’une surface de 50 m2 chacune, correspondant au rez-de-chaussée de la maison-forte primitive, doivent recevoir un ensemble de maquettes et de documents présentant les différents châteaux médiévaux du Bourbonnais, constituant une sorte de « musée des monuments », et faisant fonction de vitrine des sites.
Maquette du château de Bostz
Maquette du château de Fourchaud, à Besson
L’étage du château, qui conserve ses aménagements du XVIIIe siècle, reconstitue le cadre de vie des familles propriétaires et dote ainsi la région moulinoise d’un des seuls châteaux meublés entièrement dévolus à la visite.
Les pièces du XVIIIe siècle ont gardé leurs boiseries d’origine
Les bâtiments de la réserve constituent les annexes du site, permettant des présentations permanentes ou temporaires complémentaires de la visite du château, notamment pour mettre en scène la vie économique passée et présente d’une propriété rurale. Des extensions sont envisageables dans le domaine de l’agro-alimentaire.
Les locateries du domaine peuvent former des antennes thématiques permettant, à terme, de développer certains thèmes ou certaines animations. L’association de sauvegarde du Vieux Bostz dispose dès à présent d’une étude architecturale portant sur leur restauration.
La locaterie des Noyers possède des ouvertures et cheminées caractéristiques des constructions rurales du XVIe siècle, correspondant au mouvement dit de la « reconstruction des campagnes » au lendemain de la Guerre de Cent ans.
Un écrin
Après la restauration de la cour d’honneur et des cours secondaires, les anciens jardins seront rétablis en s’inspirant de leur tracé sur le plan terrier de 1815 et des vestiges visibles : bassin, statuaire, allées, escaliers, charmille, etc.
Le parc du château offre la possibilité de surfaces de parking et d’itinéraires de promenade dans les allées menant aux locateries, et dans une partie du domaine boisé de la réserve de Bostz.
Une université américaine à Bostz
Depuis 1999, le château de Bostz accueille chaque été les professeurs et les étudiants en histoire de l’art médiéval de l’une des plus prestigieuses universités nord-américaine, Columbia. Ils étudient le patrimoine historique, culturel et architectural du Bourbonnais et procèdent notamment au relevé systématique des églises médiévales de la région. Le Bourbonnais possède en effet environ 180 églises romanes, dont une importante concentration autour de Souvigny. Ces relevés sont ensuite mis en ligne pour permettre une « visite virtuelle » du patrimoine médiéval bourbonnais et contribuer à la notoriété de la région (www.learn.columbia.edu/bourbonnais)
Relevé systématique des églises médiévales
Le professeur Steven Murray, doyen du département d’histoire de l’art de l’Université de Columbia (USA)